La nature du Jeu ( première mi-temps).

« La Nature ne s’assemble pas, ne se monte pas, elle se compose et s’élève. » Logique processuelle, toulouse 11/04/2007 Marc Halévy

 

« La méthode de Descartes vise à fonder la cohérence d’un système de connaissance. Mais cette méthode (évidence, analycisme, réductionnisme et exhaustivité)  ne s’applique qu’aux systèmes mécaniques – les plus rares dans le Réel. Dans tous les autres cas (dès qu’il y a un tant soit peu de complexité et de propriétés émergentes), cette méthode conduit à des âneries. »Billets, le principe de cohérence, 10/12/2017, Marc Halévy.

Traduisons.

La méthode actuelle d’entrainement s’appuie sur quatre axes  :

1 ) La méthode Coerver  et préparation physique :

– « C ‘est évident le football se joue avec les pieds et les joueurs courent. »

2) Les jeux de parcours de passes :

– « J’ai  analysé que les joueurs se font des passes, j’installe donc des plots pour créer un parcours de passes. »

3) Les jeux de positions :

–  » Les joueurs occupent des positions donc j’organise des jeux où j’enferme le maximum de joueurs dans des zones. C’est à dire que je réduis sa zone d’activité. »

4) Le  match :

« Rien de tel qu’un « petit » match à la fin de l’entraînement. »

Et bien, c’est pas moi qui le dit, « Cette méthode conduit à des âneries. »

Peut-être …. Mais alors quelle méthode d’entraînement appliquer ?

Insistons.

Nous essayons dans ce blog d’élaborer une vision sur la formation du football. Nous nous concentrons ici sur des enfants qui vont de u8 jusqu’à u13. Tranche d’âge primordiale pour l’apprentissage de la capacité combinatoire par la passe. En dessous, il faudra mettre l’accent sur la motricité, l’agilité, la technique avec ballon. Au dessus, les compétences tactiques, le développement et le maintien de l’état physique sont à développer.

Revenons ici sur un terme qui nous semble fondamental.

Le football est un jeu complexe, notamment si nous le considérons comme un jeu collectif . Attention: complexe ne veut pas dire compliqué ! Voir article « Eclairer le jeu. »

Les sciences de la complexité fournissent une grille de travail :

Territoire: nos resources.

Mémoire :  nos expériences accumulées.

Intention : notre projet, notre volonté.

Ces trois principes permettent le pilotage d’un processus complexe.

Horst Wein a eu trois intuitions géniales, trois réponses simples qui résonnent avec les trois principes évoqués plus haut.

La première est d’avoir réalisé une simplification de la complexité « footballistique« . Reprenons un schéma réalisé par l’auteur pour illustrer l’évolution de la formation en fonction du développement de l’enfant.

horst wein-funiño-football-éducation-formation

 

Première remarque: pour réduire la complexité, on réduit simplement le nombre de joueurs. La complexité au football émerge de la possibilité de combinaisons réalisées par la passe et les déplacements des joueurs. On part ici du moins complexe au plus complexe. Le 3×3 est la première marche de la complexité. La recherche constante du troisième homme est un principe de base du football.

Soulignons.

Le 2×2 exclut complètement la notion de complexité !

Comparons les deux expériences :

1.) Dans un 2×2 : le joueur 1 et le joueur 2. le joueur 1 met en jeu.

1-2-1-2-1-2. Voilà la série exclusif de leur relation en 5 passes. Le joueur 1 passe au joueur 2 et inversement.

2.) Dans un 3×3. Le joueur 1, le joueur 2 et le joueur 3. Le joueur 1 effectue toujours la mise en jeu.

Vous imaginez tout de suite le nombre beaucoup plus important de combinaisons réalisées sur le 3×3 en seulement 5 passes… Avec ses 32 combinaisons possibles en 5 passes, le 3×3 apporte vraiment un saut combinatoire.

Cette première illustration s’enrichit d’un deuxième schéma plus actuel où Horst Wein affine et développe la notion d’évolution de la complexité.

horst wein-funiño-football-éducation-formation

Notons ici une différence : disparition du 4×4 au profit du 5×5.

Pour avoir intégré la pratique du Funiño lors de nos séances d’entrainements et pour faire face au nombre important de joueurs, nous avons fait souvent le choix du 4×4, pour ne laisser aucun enfant sur le côté. Mais voilà le 4×4 casse la dynamique, nous passons à une structure trop stable où les rééquilibrages incessants du 3×3 disparaissent. Pour illustrer, la forme carré est beaucoup moins dynamique que la forme triangle. Le 4×4 ne permet pas un saut de complexité. Elle l’augmente mais il n’y a pas à proprement parler de saut. Au contraire, au niveau spatial, on a un appauvrissement des déplacements dans l’espace.

Le 5×5 fera l’objet d’un article ultérieur. En plus d’enrichir les dynamiques combinatoires, il permet le développement de déploiement spatial avec l’apparition des appuis latéraux.

Un cadre simple : augmentation de la complexité (relative au nombre de joueurs) en fonction du développement de l’enfant.

Ce cadre correspond au Territoire (son propre monde proche). Quelles sont mes ressources ?

Pour l’enfant, dans quel cadre il joue et avec combien de joueurs.

Pour l’éducateur, de quels joueurs il dispose ? Leurs caractéristiques techniques, physiques et leur propension à se mettre en relation.

Il nous reste à faire évoluer les jeux à l’intérieur de ce cadre en fonction de l’évolution des joueurs.

C’est la deuxième intuition de Horst Wein.

A partir d’un cadre simple,  compréhensible pour l’enfant et facile à mettre en place pour le formateur, il met au point une série de jeux développant différents aspects du jeu. Nous faisons référence ici au 3×3 qu’il a appelé le Funiño et qu’il a approfondit à la fin de sa carrière.

La série de jeux  permet d’intensifier l’apparition de situations particulières. Toutes les situations de jeu existent dans le Funiño, les différents jeux augmentent uniquement l’émergence de telle situation particulière.  Ici, nous sommes dans la thématique de La Mémoire. Faire vivre aux enfants le maximum de situations de jeu, afin qu’ils puissent expérimenter des réponses et moduler leur adaptabilité. Accumuler de l’expérience « situationnelle ». L’objectif est non de rechercher des réponses automatiques mais de développer chez l’enfant sa capacité de lecture « situationnelle » et ses compétences décisionnelles.

Enfin, pour la troisième intuition… mais là j’ai concentré toute l’attention sur moi ! Il s’est démarqué ! Je lui passe ! Et il va …

 

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