Le but du jeu (deuxième mi-temps).

 

Entre deux tables d’école renversées . Entre deux sacs, deux manteaux, deux arbres, deux poteaux. Entre un poteau et un sac, entre un manteau et un arbre, ou même une porte cochère ou bien même la porte du garage.

Partout!

Partout où ils se réunissaient pour jouer, la première chose qu’ils recherchaient c’était l’emplacement des buts. Leur imagination leur permettait de braver tous les obstacles du paysage qui se dressaient devant eux et rapidement les buts étaient définis. Avant même d’avoir delimité la surface de jeu. D’ailleurs, bien souvent ils oubliaient d’en parler des limites du jeu car leur seule intention était portée par le but. Peu importe l’espace, le terrain, peu importe l’endroit  pourvu qu’il ai un but, une intention.

 

« C’est l’intention qui compte ». Dicton populaire.football-éducation-sport-collectif-formation

« Le but est l’orgasme du football. Comme l’orgasme, le but est de moins en moins fréquent dans la vie moderne. » E. Galeano.

La moyenne de buts marqués par match lors des 38 journées de notre cher championnat de ligue 1 dépasse légèrement les deux buts. Soit 1 but par equipe. Match nul; balle au centre. Ou en insistant légèrement une equipe peut miraculeusement réussir à marquer un deuxième but, ce qui, du coup, en fait 3. Mais là on se retrouve au dessus de la moyenne!

Effectivement, le but se fait bel et bien de plus en plus rare dans le football actuel. D’ailleurs il a aussi quitté les terrains d’entrainement. Les exercices-jeux du types: «jeux de possession »  ou « jeu de position » ont fait disparaitre l’intention réel du jeu. Les buts ne sont plus présents que dans des exercices analytiques de frappes ou lors du grand match mais là, l’éducateur/entraineur se désintéresse de ce qui s’y passe.

L’émergence du style audacieux et conquérant du FC Barcelone sous la houlette de son entraîneur Pep Guardiola, a ouvert un chemin que de nombreux entraîneurs, jeunes et moins jeunes, ont décidé courageusement d’entreprendre. Dans leur recherche de « méthodologie » d’entraînement, ils ont découvert les « Toros » ou « rondos » ou « « jeux de position », « de possession », « de conservation »….

Parfois, il arrive qu’en s’obstinant sur ces jeux, on désoriente les joueurs et on leur fait perdre le but ultime du jeu.

Pep Guardiola#4 raconte d’ailleurs cette anecdote:

« Cruyff  me disait:

– Quand tu as le ballon, regarde toujours le joueur le plus profond. Regarde Romario, regarde Laudrup. Le plus profond. ».

Par ce conseil, le maître oriente l’élève à se conscentrer sur la recherche du but adverse qui n’est autre que l’intention Ultime  du jeu.

Et lorsque, devenu entraîneur, les médias  l’interrogent sur son style de jeu qu’ils désignent: « Tiki-Taka », voilà ce que l’élève devenu maître leur répond:

« Je déteste le terme « TIKI-TAKA ». Je le déteste. Le « TIKI-TAKA » c’est se passer le ballon pour se le passer, SANS AUCUNE INTENTION. Et çà, çà ne sert à rien. »

 

Plus de buts, plus dactions, plus de divertissements. H. Wein.

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Horst Wein avait bien compris que les enfants venaient au foot (aussi/surtout) pour marquer des buts. Pour devenir protagoniste d’une intention qui les dépasse et qui leur permet de se surpasser.  Il decida donc d’intégrer dans son jeu Funiño non pas un, mais deux buts.

Soit, deux fois plus d’orgasmes!

Ecoutons encore:

«Jugar con 2 porterías estimula un mejor análisis (lectura) y comprensión del juego, incluyendo la percepción de la vision periférica, y la capacidad de tomar decisiones antes de ejecutar cualquier acción.
estimula, mas que cualquier otro juego tradicional de futbol, la inteligencia, la percepción, la imaginación, la innovación, y la creatividad. »
Jouer avec 2 buts stimule une meilleure analyse (lecture) et compréhension du jeu, y compris la perception de la vision périphérique, et la capacité de prendre des décisions avant d’exécuter n’importe quelle action.
Il stimule, plus que tout autre jeu de football traditionnel, l’intelligence, la perception, l’imagination, l’innovation et la créativité. »

Ou encore, à la fin du livret « l’Esprit du Funiño »:

Más goles, más acciones, mas diversión.

Plus de buts, plus d’actions, plus de divertissements.

Voilà décrite sa dernière intuition. Celle qui termine cette (réd)action en deux articles et qui correspond au troisième paramètre qui est de l’ordre de l’intention, du projet.

Enfin, et pour clore cet article, comment ne pas laisser la parole à Don Alfredo:

Marcar goles es como hacer el amor, todo el mundo sabe cómo se hace, pero ninguno lo hace como yo. Alfredo Di Stefano#9.

Marquer des buts c’est comme faire l’amour, tout le monde sait comment on fait, mais personne ne le fait comme moi. Alfredo Di Stefano#9.

Voilà, il a concentré toute l’attention sur lui, je me suis démarqué, il me passe le ballon et je vais marquer…

Parce qu’à la fin des fins, au but des buts, il y a toujours un salopard pour la mettre au fond. Et c’est à lui qu’il faut passer le ballon!

 

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