Voilà maintenant un an que nous avons décidé d’ouvrir ce blog dans l’objectif de partager notre vision du football et plus particulièrement celui des enfants.
Un an.
Plus de 3000 visiteurs.
45 pays différents.
L’aventure continue!
Alors, pour cet anniversaire, quel plus beau cadeau que de partager, d’échanger, de débattre avec celui qui est à l’origine de notre entrée dans l’univers complexe du rôle d’éducateur/entraineur de football ? Et c’est avec un immense plaisir, avec une fierté contenue que nous vous proposons une « petite » réflexion émise par une personne qui represente à nos yeux, l’une des plus belle projection de notre football national. Une voix avisée dans l’univers des écoles de foot, de la formation et du football en générale. Figure importante de l’histoire récente de l’iris club de Croix (National 2), il occupe aujourd’hui le poste de responsable de l’école de football et d’entraîneur adjoint des u19 du LOSC.
Joueur, sa magnifique « patte » gauche et sa vision du jeu étaient autant redoutées par ses adversaires qu’elles émerveillaient ses coéquipiers et les spectateurs présents. C’est cette vision et sa grande connaissance de la periodisation tactique qu’il a la gentillesse de partager ici avec nous ou lors des différents colloques où il intervient régulièrement (France, Belgique, Canada…).
Recevons ensemble ce cadeau comme une passe décisive qu’il nous delivrerait!
Voilà je vous laisse avec Jeremy Dos Santos. Mille merci à lui!
PERIODISATION TACTIQUE ET INTERVENTION DE L’EDUCATEUR DE JEUNES:
L’intervention Pédagogique de l’éducateur de jeunes
Le potentiel joueur, dans « quelque chose » de collectif !
La mission de l’éducateur de jeune passe par le développement de chaque individu à l’intérieur d’une idée collective. Ou autrement dit, permettre au jeune joueur de « Grandir » (non pas seulement en terme detaille !), d’évoluer et de progresser de façon libre et ouverte dans la logique d’une idée collective identifiée et identifiable par tous (EQUIPE). Une idée (Co)-construite et partagée, fruit de l’interaction du « tout » dans le « tout » à partir du jeu, pour le jeu…et dans le jeu !
Dans cette perspective, il s’agira d’abord d’identifier le potentiel de chaque joueur…et le potentiel de chacun est un potentiel singulier et non de tous! Tous les joueurs possèdent un potentiel ! Qu’il soit plus ou moins esthétique ou plus ou moins efficace. Il se doit d’être identifié.
Après identification, il s’agira de créer des contextes de pratique susceptibles de favoriser l’émergence, l’expression et le développement d’un potentiel qui puisse en même temps être « modélisé » (en acte) en fonction de « quelque chose » de supérieur – NOTRE IDEE DE JEU – Soit l’IN(CORP(S))ORATION (elle fait partie des joueurs !) d’une manière de Jouer concrète et spécifique. La MORPHOGENESE d’une culture de jeu, d’une structure géométrique « identifiable » dans l’espace et dans le temps par la « qualité des interactions ».
Dans le processus d’apprentissage et au travers des principes méthodologiques de la périodisation tactique (matrice conceptuelle), le but sera d’orienter le « potentiel du joueur » vers cette modélisation…Pour passer du côté « AXIOLOGIQUE» de la « chose » au côté « PRAXEOLOGIQUE ». De la théorie (Intention préalable – idées de l’éducateur) à la pratique (Intention en acte – Habitudes des joueurs). Dans la recherche d’une configuration (PRECOCE !),dans le cas d’une école de football, de la « chose », une configuration macro ou micro ! C’est dans cet esprit que la SPECIFICITE (avec un Grand « S ») est un IMPERATIF CATEGORIQUE de la Périodisation Tactique, une nécessité qui permet de « baliser » le terrain pédagogique et d’orienter le processus de développement.
De façon plus concrète et sans donner de « recette, on considère chaque processus unique, chaque « problème » de nature différente et forcément n’importe quelle solution elle-même spécifique (dans la SPECIFICITE) car en fonction des idées de l’entraîneur et du jeu que chaque entraîneur souhaite proposer!
De ce fait, il y a quelques années dans « l’accompagnement » d’une équipe en école de football, un jeune voulant être gardien de but sans potentiel avéré pour ce poste mais avec une volonté très marquée de l’être, m’obligea à le mettre régulièrement en situation jouée et à lui faire vivre ses premières sensations et expériences de gardien de but…des tirs, des frappes aériennes et des buts multiples et différents (taille, nombre, position, côté du but…). Mais le véritable « grand » problème résidait dans son « immense » PROPENSION à dégager le ballon le plus loin possible avec pour seul objectif d’éloigner le danger de son propre but sans aucune intention de jeu particulière.
Les débuts de cette équipe étaient même plutôt bons, l’équipe évoluant dans un championnat U10 avec des joueurs U9. Sachant qu’à cet âge et plus qu’il n’y paraît, un an d’écart suscite une grande différence. A vrai dire, cette capacité à éloigner le danger de notre but pour le rapprocher du but adverse permettait en plus à l’équipe de réagir à ce stimulus de manière plutôt efficace (uniquement dans le sens des courses,pas toujours coordonnées !, vers le but !). Entre temps, ce qui m’intéressait, c’était notre capacité à sortir le ballon de la défense en jouant (ne pas confondre « sortir en jouant » avec « jouer »). Puisque s’il existe un avantage « spatial », le but sera de jouer dans cet espace (de préférence court) mais avec critère dans le sens de la reconnaissance du positionnement défensif adverse (sans obliger à !!! car on peut aussi jouer long).
Qu’ai-je donc fait ?
1)Dans un premier temps et avec « exagération » dans le grand jeu (8×8), j’ai enlevé des joueurs de « devant » pour en mettre davantage « derrière » de façon à ce que le gardien puisse identifier les zones où il y avait le plus de joueurs susceptibles de donner de la continuité au jeu. Avec la noble intention de bien démarrer l’action et ainsi donner la possibilité à l’équipe de continuer en possession du ballon pour peut-être (et je dis bien peut-être !) avoir une plus grande chance (dans le sens de la PROBABILITE!) de marquer.
2) Dans les jeux réduits, l’aménagement spatial et la configuration des contextes (marquer en conduite maîtrisée), nous a permis de « modéliser » le « dégagement » du gardien vers l’avant. Logiquement la concrétisation des intentions de jeu, elles-mêmes liées à notre INTENTIONALITE MACRO a renforcé positivement l’acte « Tactique » en jeu. Comme le fait de marquer en conduite maîtrisée favorise et ajuste le jeune joueur au « être ici et maintenant » du jeu. En conclusion, je n’ai pas formé un « Grand gardien de but » mais tout simplement « un joueur » au « poste » de « gardien de but »…capable d’intervenir avec et pour ses partenaires dans l’organisation collective et en fonction des comportements adverses.
Un autre exemple: LE GAMIN DRIBBLEUR. Celui-là, il faut continuer à l’encourager !!! – d’autant plus qu’il le fait réellement bien ! Cependant, dans sa « construction », il faudra juste lui faire sentir « quand » dribbler et « quand » donner! Et pour garder de « l’idée » dans l’utilisation des feintes et du dribble, le schéma technique dominant peut-être unique et non universel (technicité = technique en fonction de la Spécificité), d’abord efficace avant d’être efficient (nuance terminologique déterminante !). En effet, la richesse du jeu passe par la VARIABILITE (y compris gestuelle) de la concrétisation des intentions de jeu manifestées (maximisation de la redondance), mais toujours « contextualisée» dans une intentionnalité MACRO!!! Que peut-on alors faire pour améliorer le joueur ? Surtout, ne pas chercher à le changer!
Mettez-le dans des positions différentes pour lui « faire sentir » qu’il est différent de jouer près de son propre but ou près du but adverse. Et n’oubliez jamais qu’il est possible de « bien jouer » (dans le sens de « jouer juste »!), de tromper, de feinter, de « faire semblant de… » et de dribbler dans toutes les zones de jeu et dans les différentes parties du terrain mais toujours avec critère – s’ajuster au « être ici et maintenant » du Jeu avec un grand « J » en fonction de l’intentionnalité MACRO (le Jeu avec un petit « j » !).
Voilà notre vrai défi…Souvenez-vous que LE TEMPS EST SUPERIEUR à L’ESPACE et qu’une feinte (de corps, de pied, du regard…) peut par exemple nous permettre de gagner du temps sur l’adversaire et par conséquent de gagner du terrain!
On peut aussi mettre en place une structure adverse qui l’obligera à « faire la passe» plus qu’à « dribbler » par la mise en situation d’échec « artificiellement provoquée » avec la nécessité ici pour l’éducateur de tendre vers la «PROPORTION DIVINE», reflet de la qualité l’intervention pédagogique de l’éducateur (juste et au bon moment !) pour ne pas perdre le Timing d’exécution requis (exactitude de l’action – la vitesse des vitesses ! Les variations de la vitesse…qui donne le rythme si souvent mal « interprété » par nos jeunes joueurs dans le jeu). Et atteindre, ou mieux, faire atteindre à nos joueurs et à notre équipe ce que nous voulons ou parfois voulons moins… !
Alors Comment fait-on ?
Certainement pas avec des lattes ou des cerceaux (pour ce qui est du rythme !) ou avec des exercices analytiques (si on reste sur le dribble !)…
Mais tout simplement en cherchant à créer un CONTEXTE de pratique (issu du jeu !) sans donner la solution. Dans la Périodisation Tactique, il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant. Autrement dit, il n’y a pas de solutions, juste un chemin = Le « PRINCIPE DE LA DECOUVERTE GUIDEE ». Cependant, attention ici à ne pas confondre, « découverte guidée » et « pédagogie du Guidage » par le Questionnement – Dans la Logique de la périodisation tactique, c’est « Le Jeu qui guide le joueur » et pas seulement l’éducateur….ce qui est censé permettre à fortiori une meilleure « interprétation » du jeu et une meilleure « reconnaissance » de la situation de jeu de la part du joueur lui-même. Et donc redonner ainsi plus de valeur et d’efficacité au critère recherché =Principe d’action.
De ce fait, il s’agit de configurer l’exercice pour permettre au potentiel (de chaque !) joueur de s’exprimer et de s’ajuster aux CIRCONSTANCES (ce qui est prétendu !) en termes de MODELE DE JEU. Pouvoir ainsi ancrer les réponses individuelles et collectives dans un référentiel commun pour passer du Jeu avec un grand « J » (celui que tout le monde connaît !) au jeu avec un petit « j » (le nôtre !)…puisqu’en effet, l’entraînement vit d’investissements momentanés sans perte de l’échelle supérieure indépendamment du jour, du contexte de l’exercice, du temps, de l’espace et du nombre de joueurs…Mais on rappelle que pour qu’il y ait investissement, il doit y avoir des priorités qui résultent de l’équilibre et de la comparaison entre le jeu réel et le jeu utopique. Et C’est en cela que la Périodisation Tactique est une Méthodologie plus qu’une méthode (type « recette toute faite »), un VÊTEMENT SUR-MESURE plus que DU PRÊT-A-PORTER.
La modélisation (en perspective du Modèle !), améliore le joueur – en effet, on ne change « rien » mais on s’ajuste, on essaie de faire progresser le joueur en fonction d’une idée supérieure qui guide, oriente et lui permet d’intervenir en fonction des événements, des actions de ses partenaires, mais aussi de ses adversaires…autrement dit, qui nous permet de manifester et d’identifier la même chose au même moment ! Jouer dans le même tempo…tout en respectant une certaine variabilité dans la concrétisation des intentions, favorisant ainsi une maximisation de la redondance! De CREEER DE LA CERTITUDE ENTRE PARTENAIRES FACE A L’INCERTITUDE DU JEU, tout en permettant au(x) joueur(s) d’amener un côté IMPREVISIBLE à la PREVISIBILITE du jeu !!!
Ainsi, chaque contexte est un contexte particulier, exactement comme dans toute Réalité (et réalités !). De cette façon, il faut donc partir de ce qu’on a pour aller vers ce qu’on aura. De ce qu’on est pour aller vers ce qu’on voudra être…
Comment ?
Au travers de la modélisation, et donc du modèle de jeu qui comporte « tout » et « le tout » est infini… ! Du côté « praxéologique » de la « chose », on le recherche Constamment. Donc si le Modèle (de jeu) est un « tout », la Périodisation tactique est un ensemble inachevé !!!
Comment opérationnalise-t-on tout cela ?
En jouant beaucoup, plusieurs fois…le jeu dans le prisme de la QUALITE (AVEC DES INTENTIONS !). Du Jeu…du Jeu…et encore du Jeu à différents niveaux, à différentes échelles (de la complexité !) et sans perte de la totalité et de l’échelle supérieure !
Bon entraînement,
Et laissez-vous guider par la qualité !
Jeremy Dos Santos.
Un avis sur “Le jeu du « une-deux ». (1ère passe)”